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Lutter contre le cancer dans les régions défavorisées

Le CERN, l'ICEC et le STFC développent des accélérateurs linéaires médicaux pour les pays à revenu faible ou intermédiaire

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Combatting cancer in challenging environments

Carte montrant l'accessibilité des centres de traitement par radiothérapie dans le monde. Il manque plus de 5 000 machines de radiothérapie dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. (Image : AIEA, AGaRT)

Si vous habitez dans un pays à revenu faible ou intermédiaire, vos chances de guérir d'un cancer sont considérablement plus minces que si vous habitiez dans un pays riche. Cela est en grande partie lié à la disponibilité des traitements par radiothérapie.

Un groupe d'experts internationaux en conception d'accélérateurs, en physique médicale et en oncologie s'est récemment réuni au CERN pour tenter de résoudre les problèmes techniques que pose la conception d'un accélérateur linéaire (linac) robuste pouvant être utilisé dans des environnements exigeants. 

Entre 2015 et 2035, il est prévu que le nombre de personnes atteintes du cancer dans le monde augmente de 10 millions ; 65 % de ces personnes habiteront dans des pays défavorisés. 

On estime qu'il faudra 12 600 nouvelles machines de radiothérapie pour traiter tous ces patients. 

« Nous devons développer une machine qui permette de mettre au point des radiothérapies dernier cri là où l'approvisionnement électrique n'est pas fiable, où le climat est rude et où les communications sont difficiles, explique Manjit Dosanjh, conseillère principale pour les applications médicales au CERN. Nous devons absolument éviter de construire un linac de qualité médiocre, qui offrirait des traitements peu efficaces et qui ne permettrait pas de recruter et de retenir du personnel hautement qualifié. »

Parmi les facteurs qui limitent le développement et la mise en œuvre de la radiothérapie dans les pays aux faibles ressources figurent non seulement les coûts des équipements et des infrastructures, mais aussi le manque de personnel formé, capable de configurer et d'entretenir correctement les équipements et de dispenser des traitements de haute qualité. L'objectif est de développer un accélérateur médical à un prix abordable, facile à utiliser et à entretenir et qui serait suffisamment robuste pour fonctionner dans des conditions exigeantes.

« J'ai grandi en Australie, où les hôpitaux se trouvent parfois très loin du domicile, où le climat peut être rude et où le fait de pouvoir consulter rapidement des spécialistes peut littéralement être une question de vie ou de mort, explique Suzie Sheehy, physicienne des accélérateurs de l'Université d'Oxford et du Science and Technology Facilities Council (STFC). Dans le cadre de ce projet, les défis varieront énormément en fonction de l'environnement, mais il est évident pour moi que ceux et celles d'entre nous qui travaillent à la pointe de la recherche en accélérateurs de particules doivent pouvoir les relever, et adapter les systèmes existants afin de les rendre plus accessibles aux principaux intéressés. À mes yeux, c'est à la fois un défi et une chance d'élargir mes recherches à des domaines qui en ont le plus besoin. »

Organisé conjointement par le CERN, l'ICEC (International Cancer Expert Corps) et le STFC, l'atelier qui a eu lieu au CERN les 26 et 27 octobre derniers était financé par le Global Challenges Research Fund du Royaume-Uni et a permis à d'importants experts venant du Botswana, du Ghana, de Jordanie, du Nigéria et de Tanzanie de faire part de leur expérience sur le terrain. Comprendre les défis propres à certains pays permettra de mettre au point des technologies plus performantes. Zubi Zubizaretta, de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a par ailleurs présenté les résultats de l'étude réalisée par l'agence en 2017 sur l'accès aux traitements par radiothérapie.

Cet atelier s'inscrivait dans le prolongement de l'atelier d'inauguration, qui a eu lieu en novembre 2016. Un prochain atelier de l'ICEC portera sur les besoins en matière d'enseignement et de formation des quelque 130 000 personnes dont sera composé le personnel sur place (oncologues, physiciens médicaux et techniciens), qui devront faire fonctionner les machines de radiothérapie et dispenser les soins aux patients.

Ce projet ambitieux vise à mettre à la disposition des patients des pays à revenu faible ou intermédiaire des installations et du personnel soignant dans les dix prochaines années.