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Arts at CERN : l’immersion qui transforme

Après leurs trois mois de résidence au CERN dans le cadre de Arts at CERN, Anne Sylvie Henchoz et Julie Lang proposent un projet qui explore la relation entre l’humain, l’art et la science

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Arts at CERN: A transformative immersion

Anne Sylvie Henchoz et Julie Lang (à droite) pendant l’un des ateliers artistiques proposés dans le cadre de leur résidence au CERN (Image : Anne Sylvie Henchoz et Julie Lang)

« Nous avons fait une immersion. Nous avons sondé l’espace scientifique. Nous avons écouté les scientifiques sans idée préconçue. » C’est ainsi que Anne Sylvie Henchoz, artiste à la pratique polymorphique, décrit la résidence au CERN qu’elle partage avec Julie Lang, chercheuse en histoire de l’art et en sociologie à l’Université de Lausanne. Les deux femmes sont les gagnantes du prix Collide Genève 2018 que Arts at CERN, en collaboration avec la République et canton de Genève et la Ville de Genève, organise dans le but d’encourager l’expression artistique en rapport avec la recherche fondamentale.

Avant octobre 2018, le CERN était quelque chose qui « n’était pas loin, mais tout de même inconnu » pour la genevoise Anne Sylvie, et « un univers totalement mystérieux » pour la vaudoise Julie. Mais quelques semaines au CERN ont suffi pour les transformer en passionnées de science. « Les rencontres furent la clef pour appréhender cet univers », explique Julie. « Il y a des visions du monde de certains scientifiques qui ont résonné avec nos bagages respectifs de manière intense et inattendue. Nous n’avons pas seulement essayé de comprendre la science, nous sommes allées à la rencontre des personnalités, des visions. »

Après une première phase d’exploration, l’artiste et la chercheuse ont organisé des rencontres avec des cernoises, notamment Sarah Anne Aretz (Beamline for Schools, CERN), Ana Barbara Rodrigues Cavalcante (EPFL), Francesca Giovacchini (AMS-02 Experiment), Claire Lee (ATLAS), Antonella Del Rosso (ECO-CERN) et Tamara Vazquez Schroeder (ATLAS). « Vu de l’extérieur, le CERN apparaît comme quelque chose d’homogène alors que depuis l’intérieur on découvre une pluralité et des questionnements sur le monde et l’univers qui sont très proches des nôtres », observe Julie.

Le troisième et dernier mois de résidence a été consacré à la production. « Nous avons créé une conversation autour de la notion plurielle de ‘temporalité’ que nous avons développé de manière philosophique, poétique et scientifique », explique Anne Sylvie. « C’est une conversation à trois, un trio entre Tamara Vazquez Schroeder, Claire Lee et Julie, qui engage le corps et que l’on a filmé dans le SMA18, un hall de maintenance technique que nous trouvions très cinématographique. » Le résultat est une installation d’art qui sera exposée à Rio de Janeiro dans quelques semaines : « Nous avons fait un véritable travail de recherche pour monter, conceptualiser et scénariser ces rencontres et avons cristallisé les points qui nous ont le plus marquées. L’installation utilisera trois formes de projections différentes et le son sera travaillé d’une manière spécifique. »

La période de résidence au CERN a tellement marqué ce duo féminin qu’elles se sentent maintenant influencées dans leur pratique « comme toujours lorsque l’interaction se fait intense. »