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Dernières nouvelles des accélérateurs : physique des ions lourds au SPS et au LHC : passer entre les écueils

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Le tableau de fonctionnement du LHC, où apparaît la dernière étape de vérification et de validation avant l'établissement des collisions, initialement avec des faisceaux de 119 paquets, chiffre porté graduellement au cours des prochains jours à 1 248 paquets. (Image: CERN)

Jeudi 28 septembre, à 8 h, comme prévu, l'équipe Opérations au SPS a arrêté de produire des faisceaux de protons pour les expériences dans la zone Nord du SPS. Elle est passé en mode ions, en préparation d'une campagne de physique d'un mois qui commencera le lundi 2 octobre et se poursuivra jusqu'au lundi 30 octobre à 18 h.

La fin d'une campagne de physique est un moment idéal pour faire le point. La campagne de physique avec protons pour la zone Nord a démarré le 1er mai, il y a 150 jours. Un paramètre important, tant pour les accélérateurs que pour les expériences, est la « disponibilité des faisceaux » (c'est-à-dire la durée pendant laquelle le faisceau était prêt pour les expériences). Cette année, le faisceau était disponible pour les expériences de la zone Nord 85,8 % du temps demandé, ce qui est plus que l'objectif, qui était 85 %. Ce chiffre représente une amélioration notable par rapport à l'exploitation avec protons de 2022, où la disponibilité atteinte n'était que de 72 % en raison de nombreux problèmes.

Cette non-disponibilité de 14,2 % est le résultat d'un total de 1 859 incidents, correspondant au total à 495 heures, d'après les données du système AFT (Accelerator Fault Tracking). Ce système est utilisé dans tous les accélérateurs du CERN pour documenter les défaillances, en enregistrant l'heure de début et de fin de l'incident. Ces incidents sont ensuite examinés par des experts, qui assurent la synchronisation dans l'ensemble du complexe d'accélérateurs. Les informations sont utilisées par les équipes chargées des équipements pour résoudre les problèmes et prendre des décisions sur la consolidation des systèmes et des équipements. La moitié environ de la non-disponibilité des faisceaux (6,7 %) s'explique par des problèmes dans la chaîne d'injection du SPS (Linac 4, Booster du PS et PS). L'autre moitié (7,5 %) est le résultat de défaillances du SPS lui-même.

L'incident qui a duré le plus longtemps cette année a été, le 6 septembre, le dysfonctionnement d'un dipôle dans le SPS. Même si le remplacement en lui-même n'a pris que quelques heures, il a fallu un certain temps pour rétablir le vide à un niveau permettant la circulation des faisceaux, ce qui a entraîné un arrêt de 24 heures.

Une analyse plus complète de l'indisponibilité dans chacun des accélérateurs sera effectuée fin 2023.

Dans l'intervalle, le LHC a commencé sa mise en service avec ions plomb, réalisant les premières collisions d’ions plomb le mardi 26 septembre, donc plus tôt qu'initialement prévu pour 2023 (quoique plus tardivement que souhaité, en raison de la fuite dans le circuit d'hélium et l'enceinte du vide d'isolation survenue pendant l'été). De fait, malgré un prompt redémarrage fin août, plusieurs problèmes techniques, indépendants les uns des autres, se sont manifestés dans les injecteurs, le LHC et les expériences, ce qui a entraîné des retards supplémentaires. À cause de ces problèmes, l'exploitation de référence proton-proton n'a pas pu avoir lieu avant le début des collisions d'ions plomb.

Un problème notable est apparu le jeudi 31 août ; une fuite dans le système de vide a été détectée au point 8 dans un dispositif TDIS (Target Dump Injection System) qui joue un rôle crucial dans la préservation de la machine en cas de pertes de faisceau pendant le processus d'injection. Le mardi 8 septembre, une autre fuite est survenue dans un composant identique du même système au point 8. Dans les deux cas, l'équipe du vide est intervenue rapidement, a identifié les fuites et les a réparées.

À cause de ces réparations, les parties touchées ne pouvaient plus être replacées dans la machine, ce qui limite le niveau de protection pour l'injection du faisceau au point 8, qui reste néanmoins suffisant pour l'injection d'ions plomb. Si aucun autre incident ne se produit, le LHC et les expériences s'attendent à une campagne de physique avec ions plomb productive et fructueuse.

Pendant ce temps, les faisceaux de protons restent au cœur de l'activité du reste du complexe d'accélérateurs. Ces faisceaux alimentent plusieurs installations, notamment ISOLDE, la zone Est du PS avec n_TOF ainsi que l'AD et ELENA. AWAKE, située derrière le SPS, continuera à recevoir des faisceaux de protons dans les semaines à venir.