C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris, la semaine dernière, le décès d’Erwin Gabathuler, survenu le 29 août. Originaire d’Irlande du Nord, Erwin Gabathuler commence sa carrière de chercheur dans le domaine des gaz atmosphériques à la Queen’s University de Belfast, au milieu des années 1950. Après une année, il abandonne ses études de doctorat pour un travail de master et s’installe à Glasgow afin d’étudier les pions au synchrotron de 300 MeV de Glasgow ; une perte pour les sciences de l’atmosphère, mais une chance pour la physique des particules. En 1961, son doctorat en poche, il devient associé de recherche à l’Université de Cornell, puis retourne au Royaume-Uni en 1964. Il rejoint alors le laboratoire Daresbury, où il joue un rôle capital dans la mise en place du programme d’expérimentation du synchrotron de 5 GeV NINA.
Les liens d'Erwin Gabathuler avec le CERN remontent à 1974, année où il arrive au laboratoire pour y travailler sur un projet de physique avec un faisceau de muons de 300 GeV dans la zone Nord. Ce projet deviendra la Collaboration européenne des muons (EMC). Depuis la première expérience EMC en 1978, les expériences avec des muons se sont déroulées presque sans interruption dans la zone Nord, ce qui nous a donné de précieuses informations sur la structure interne et la dynamique des nucléons et des noyaux. Le programme se poursuit actuellement sous la direction de la collaboration COMPASS. Erwin Gabathuler est nommé chef de la division EP du CERN en 1978, puis directeur de la recherche en 1981.
En 1983, il obtient une chaire de physique à l'Université de Liverpool et devient chef du groupe de physique de particules du département de physique, poste qu'il conserve jusqu'à sa retraite, en 2002. Pendant cette période, il met en place un groupe de physique dynamique qui participe à de nombreuses grandes expériences dans le monde. Avec l’entrée de la physique des particules dans l'ère des collisionneurs, il amène Liverpool à participer aux expériences H1 et HERMES de DESY et soutient la contribution croissante du groupe à l'expérience DELPHI du CERN. Son intérêt pour la symétrie le conduit à faire progresser des aspects de la construction et de la physique de l'expérience CPLEAR du CERN. Il a ensuite permis à un groupe de Liverpool de travailler sur l'expérience BaBar de Stanford. Avant la « Erwinfest », fête organisée pour son départ à la retraite en 2002, il mène un groupe de Liverpool à participer aux expériences ATLAS et LHCb, dans le cadre desquelles le groupe acquiert des compétences considérables dans la technologie des trajectographes au silicium.
Ceux et celles qui le connaissaient se souviennent de lui comme d’un grand physicien expérimentateur et d’un chef efficace, qui avait un réel intérêt pour le bien-être et le développement de tous ceux qui se trouvaient sous sa responsabilité.