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Philip John Bryant (1942 – 2024)

 
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Philip John Bryant (Image : CERN)

Alors jeune marié et sur le point de terminer son doctorat au University College de Londres, Phil est recruté par le CERN en novembre 1968 pour travailler dans le groupe Aimants de la division Anneaux de stockage à intersection (ISR), où sa première tâche consiste à surveiller la fabrication des quadripôles obliques. Le groupe, qui sera rebaptisé plus tard Optique de faisceaux et aimants (BOM), participa amplement à la mise en service et au développement du collisionneur ISR. Phil installa et testa un dispositif à faible bêta, construit à partir d’aimants à noyau de fer récupérés, afin de valider cette technologie pour les ISR, ouvrant ainsi la voie au premier aimant d’insertion supraconducteur à faible bêta dans un accélérateur opérationnel. Plus tard, il dirigea la conception et la construction de la ligne de faisceau provenant du PS qui permit d’avoir des collisions proton-antiproton aux ISR, une évolution à laquelle il participa amplement. Quand on évoque son nom, on pense également au concept de compensation du couplage et plus généralement au fait que le collisionneur fonctionna de manière harmonieuse jusqu’à sa mise hors service, en 1983.

Habile communicateur, Phil aida ensuite Kjell Johnsen à mettre en place l’École du CERN sur les accélérateurs (CERN Accelerator School – CAS). Il en assura la direction de 1985 à 1991, donnant lui-même régulièrement des cours et jetant les bases de l’institution de renom qu’elle est aujourd’hui. Il participa ensuite à l’étude d’une usine à mésons B pour le CERN, avant de s’intéresser aux accélérateurs à usage médical. Sous sa direction, ces travaux ont abouti à l’étude PIMMS (Proton Ion Medical Machine Study) portant sur la conception d’un synchrotron et de ses lignes de faisceaux, sur laquelle se sont appuyés les centres médicaux pour le traitement du cancer aujourd’hui opérationnels en Italie (CNAO) et en Autriche (MedAustron). Au début des années 2000, Phil participa aux travaux sur le LHC, occupant les fonctions de président du comité chargé d’établir les spécifications et devenant responsable du bureau en charge des contrats. Jonglant avec les délais, il faisait des aller et retour permanents entre les physiciens, les ingénieurs, les responsables des achats et le Service juridique du CERN. Outre ses compétences, Phil apportait un enthousiasme communicatif et usait de ses talents de diplomate au moment de conclure les protocoles avec les organismes de financement et les instituts. Une fois officiellement à la retraite du CERN en 2007, Phil partit s’installer en Autriche, se rendant disponible pour l’installation médicale en cours de construction dans ce pays. Puis, lorsque cette activité diminua, il renforça sa collaboration avec l’entreprise Cividec, basée à Vienne, qui développe des détecteurs de rayonnement en diamant, tout en continuant à améliorer le programme WinAgile qu’il avait développé pour la conception d’accélérateurs, et en donnant des cours, notamment pour l’École du CERN sur les accélérateurs (CAS) et l’École interuniversitaire sur les accélérateurs (Joint Universities Accelerator School – JUAS).

Phil adorait le travail scientifique – développer de nouvelles idées, travailler sur son programme et écrire. Auteur de nombreux articles, son rapport de 2012 sur les avancées en matière de collisionneurs liées aux travaux menés aux ISR est exemplaire. Infatigable travailleur, il n’en était pas moins modeste et avait toujours à cœur de reconnaître la contribution de ses collaborateurs. En plus d’être un physicien et un ingénieur talentueux, Phil était également doué pour le dessin, ses planches étant particulièrement appréciées. Bricoleur invétéré, lorsqu’il n’était pas occupé à faire progresser la technologie des accélérateurs, il faisait des travaux dans sa maison.

Il nous manquera beaucoup. Nous pleurons sa perte et présentons nos sincères condoléances à son épouse Sue, à sa fille Jackie et à son fils Richard.

Ses amis et collègues