Laurette Ponce, ingénieure au Centre de contrôle du CERN partage son parcours professionnel dans le domaine des sciences et de la technologie à l’occasion d’une réunion des Nations Unies sur l’Egalite des sexes.
Lorsque l'on m'a demandé de représenter le CERN à une réunion des Nations Unies sur l’Egalite des sexes, passée la surprise, j'ai immédiatement accepté : je suis particulièrement heureuse et fière de travailler au CERN, et chaque fois que j'ai été amenée à représenter notre Organisation ou à parler de ce que l'on y fait, j'ai toujours accepté, considérant cela comme un honneur mais aussi comme partie intégrante de mon travail.
Cependant cette fois, il s'agissait de quelque chose de très différent : le sujet (inégalité entre les sexes) et le lieu sont particulièrement symboliques. Il ne s'agissait pas du Centre de contrôle du CERN, où je passe la plupart de mon temps et où je me sens comme à la maison. Il s'agissait du monde de la diplomatie et de l'élaboration de politiques, pas exactement ma zone de confort.
J'étais très partagée: si d’un côté je souhaitais pouvoir représenter le CERN et ses valeurs, d’un autre côté, je voulais aussi pouvoir transmettre des messages conformes à mon expérience personnelle. Je voulais partager mon parcours professionnel dans le domaine des sciences et de la technologie, parler de mon évolution sans freins liés au genre, mais je ne voulais pas que mon expérience personnelle soit “instrumentalisée”, de quelque façon que ce soit.
Comme il est naturel de le faire dans un lieu d'échange continu d'idées comme est le CERN, j'ai discuté du sujet avec mes collègues et avec Geneviève Guinot qui dirige le programme de diversité du CERN.
J'ai été heureuse de constater, grâce aux commentaires extrêmement variés de mes collègues, que ce qui pouvait être mis en avant de mon expérience personnelle étaient les éléments qui permettent de faire carrière dans les sciences : accès à l'éducation, soutien de la société et de la famille, environnement de travail favorable à l'autonomisation des femmes. Ce sont ces éléments qui, ajoutés à ma passion et ma détermination, ont rendu mon parcours possible. Les déclarations faites par les différentes délégations m'ont permis de prendre conscience que ces éléments sont loin d'être acquis pour toutes les régions d'Europe et encore moins dans d'autres régions du monde.
Pendant ces 2 jours de réunions, j'ai pu en apprendre plus sur la situation dans certaines régions proches d'Europe, sur les progrès réalisés et sur les défis persistants.
J'ai également pu en apprendre davantage sur le programme de diversité du CERN, sur les politiques en place au sein de l’Organisation, sur ce qui est formidable dans notre environnement de travail mais également sur les défis, anciens et nouveaux, que soulèvent la notion de diversité ancrée dans notre ADN.
Surtout- comme discuté avec mes collègues- je suis contente de savoir que si l'un ou l'une de nous a des problèmes, des suggestions ou un retour d'expérience en matière de diversité ou d’Egalité, nous avons un endroit où aller, des personnes vers qui se tourner. Ce sont les personnes du programme de Diversité. Ils surveillent la situation, recueillent les témoignages et les commentaires pertinents. Et surtout, ils proposent et mettent en œuvre des solutions concrètes pour faire évoluer la diversité.
Comme j'ai eu l'occasion de le souligner aux Nations Unies, en notre nom à tous, nous avons des progrès à faire, les chiffres ne sont pas idéaux, mais le processus est complexe: le nombre de femmes qui postulent pour un emploi au CERN reste faible, nous pouvons encourager les jeunes filles à se tourner vers la science et garantir les conditions qui le leur permettent. Certains changements nécessitent des politiques nouvelles, mais il est également clair pour moi qu'il appartient à chacun de nous de jouer un rôle actif.
J'espère qu'avec ma participation à cet évènement aux Nations Unies, en apportant mon histoire personnelle comme illustration de conditions favorables, j'ai tenu le mien.