Une série de réunions seront consacrées cette semaine et la semaine prochaine à l'avenir du CERN, et même à l’avenir de la physique des particules. Quand je dis « l’avenir », je parle de l’avenir à long terme : que fera-t-on au CERN dans 20 ans, ou dans 30 ans ? L'échéance semble bien lointaine, et pourtant, c'est maintenant que nous devons y penser. C’est pourquoi l’atelier sur le Collisionneur linéaire compact (CLIC) tenu cette semaine envisage tous les aspects de la question, l’accélérateur, mais aussi les détecteurs et la physique. Et c’est pourquoi l’initiative sur les Futurs collisionneurs circulaires (FCC), qui s’est centrée sur un futur collisionneur de hadrons de 80-100 km de circonférence, tout en examinant aussi le potentiel d’un collisionneur de leptons de mêmes dimensions à titre d'étape intermédiaire, tiendra sa réunion de lancement la semaine prochaine. Dans le cadre de l’initiative FCC, on examinera aussi l’option lepton-hadron.
Aujourd'hui, nous ne savons pas ce que sera l’avenir du CERN après le LHC. Avant de pouvoir décider du projet que nous pourrons soumettre à nos États membres, nous devons comprendre les technologies sur lesquelles s’appuient les différentes options d’accélération et de détection. Nous devons comprendre ce que ces différentes options pourraient nous amener du point de vue de la physique. Nous devons savoir dans quelle direction les résultats du LHC nous orienteront pour les futures études. Et nous devons comprendre les positions du reste de la communauté mondiale de la physique. Pour tout cela, nous devons réfléchir sur une échelle d’environ 4 à 5 ans, afin que, lorsque les physiciens d'Europe se réuniront pour mettre à jour leur stratégie à long terme en 2018-19, ils disposent de tous les éléments nécessaires pour prendre leur décision en connaissance de cause. C’est pourquoi les réunions tenues actuellement sont si importantes.
Même s’il est clair que le CERN est en bonne position pour accueillir une future machine aux limites des hautes énergies, les études CLIC et FCC sont des projets mondiaux, et leurs résultats pourraient se concrétiser dans n'importe quelle région du monde. La question de savoir si c’est ici que sera construite l’une de ces machines dépend de nombreux facteurs. De mon point de vue, l’intérêt du point de vue de la physique est prioritaire, mais la volonté politique est également essentielle. Par l’intermédiaire du Conseil du CERN et par d’autres canaux, nous devons associer au processus nos États membres, nos voisins et les autres parties prenantes, en expliquant à chaque étape ce que nous sommes en train de faire. C’est pourquoi j’ai évoqué cette question lors de la réunion annuelle que nous tenons en janvier de chaque année avec des représentants de nos communautés locales, et c'est pourquoi nous avons publié hier un communiqué de presse expliquant comment les projets CLIC et FCC s'inscrivent dans les perspectives du Laboratoire.
Mais il existe d’autres facteurs, plus prosaïques, qui influenceront le choix du site, et en particulier la géologie. Comme le projet CLIC existe depuis plus longtemps, une étude a déjà été réalisée, montrant que le bassin lémanique est, du point de vue géologique, adaptée à un tel projet. Pour le projet FCC, vous pouvez voir ici et là des cartes de la région sur lesquelles des cercles de 80 et de 100 km de circonférence ont été tracés. Cela ne signifie pas que nous avons creusé des tunnels sous vos pieds. C’est simplement une indication du fait que des études de faisabilité géologique pour un éventuel futur collisionneur circulaire sont en cours.
Tout cela peut sembler un peu prématuré pour les plus jeunes d’entre vous, pour qui l’aventure du LHC ne fait que commencer. Mais, ayant participé à la vie du CERN pendant plus de la moitié de ses 60 ans d’existence, je suis bien placé pour vous dire que notre avenir à long terme, c’est bientôt, et que c’est maintenant qu’il faut y réfléchir.