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Edmund 'Ted' Wilson (1938 – 2016)

Ted Wilson, physicien des accélérateurs au CERN et responsable de l'École du CERN sur les accélérateurs, nous a quittés le 3 novembre

Edmund 'Ted' Wilson (1938 – 2016)

Ted Wilson dans la salle de contrôle du SPS en 1977. (Image : CERN)

Le physicien des particules Edmund ‘Ted’ Wilson, professeur invité à l’Université d’Oxford et ancien responsable de l’École du CERN sur les accélérateurs, est décédé le 3 novembre après une brève maladie.

Ted est né le 18 mars 1938 à Liverpool. Son père, John Wesley Wilson, était enseignant et sa mère, Anna Wilson, infirmière. Ses enseignants au Liverpool Institute High School for Boys ont vite remarqué sa passion pour les mathématiques et la physique, passion qui lui a permis de poursuivre ses études à l'Université d'Oxford où il a obtenu un diplôme de physique en 1959. Ted travaille d'abord sur l’étude expérimentale de la dynamique des particules auprès du Laboratoire Rutherford, mais il s'intéresse rapidement à la théorie des accélérateurs de particules. Il s'installe en Suisse en 1967 et devient le bras droit de Sir John Adams, le « père » des grands accélérateurs de particules. A ses côtés, il participe à la conception du Supersynchrotron à protons (SPS), d'une circonférence de sept kilomètres et qui s'étend de part et d’autre de la frontière franco-suisse. Lors d'un congé sabbatique qu'il prend pendant la construction du SPS, Ted se rend au Fermilab, près de Chicago, et, fort de son expérience, contribue à y mettre en route le nouveau synchrotron de 500 GeV.

Il retourne ensuite au CERN pour superviser la mise en service du SPS avant de rejoindre l’équipe de l'Accumulateur d'antiprotons, qui transforme le SPS en un collisionneur proton-antiproton. C'est à cette époque que Ted noue une solide amitié avec Fang Shouxian, directeur de l’Institut chinois de physique des hautes énergies, et qui avait été autorisé par le gouvernement chinois à collaborer avec les physiciens du CERN sur le projet d'accumulateur d'antiprotons. Cette amitié permet à Ted de se rendre en Chine à plusieurs reprises, invité par le gouvernement au début des années 1980, à une époque où la Chine et l'Occident n’entretenaient que peu de relations. Il est difficile aujourd'hui de comprendre à quel point cette collaboration était insolite à l'époque. Ted a réussi à établir cette relation grâce à sa force de caractère, son grand sens de l'humour et un sens inné de la diplomatie, mais aussi parce qu'il était convaincu, après avoir travaillé au CERN, de la valeur d'une collaboration scientifique internationale. Il a d'ailleurs travaillé tout au long de sa carrière avec des laboratoires du monde entier, notamment en Allemagne, en Russie, aux États-Unis et au Japon.

Il était tout aussi internationaliste dans sa vie privée. Il a rencontré son épouse allemande, Monika, alors qu'il travaillait en Suisse, et il a pris la nationalité helvétique après avoir résidé dans ce pays pendant 50 ans. À la fin de sa carrière, et durant sa retraite, Ted a encouragé des groupes internationaux de jeunes mathématiciens et physiciens à concevoir et à utiliser les accélérateurs de particules dans divers domaines, y compris les sciences médicales. Après avoir dirigé pendant 12 ans l’École du CERN sur les accélérateurs, Ted avait aussi renoué avec l'Université d'Oxford ; nommé professeur invité, il a donné des cours aux doctorants de l'Institut John Adams sur la science des accélérateurs. Ted était convaincu que le langage des mathématiques était intimement lié à celui de la musique et cette conviction se reflétait dans sa passion pour la musique classique et l'opéra. Il était un pianiste et un chanteur amateur enthousiaste et talentueux, jamais aussi heureux que lorsqu'il allait à l'opéra. Ted a également écrit deux ouvrages sur les accélérateurs : Engines of Discovery et An Introduction to Particle Accelerators.

Il laisse derrière lui sa femme Monika ; ses trois fils, Martin, Alexander et Nicholas, et cinq petits-enfants.

Sa famille