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Herbert Lengeler (1931 – 2021)

Herbert Lengeler

 

C’est avec grande tristesse que nous vous informons du décès de Herbert Lengeler, physicien expérimentateur qui a grandement contribué au développement des cavités radiofréquence (RF) supraconductrices. Herbert s’est éteint paisiblement à son domicile, le 26 janvier 2021, trois semaines seulement avant son 90e anniversaire.

Né en 1931 dans la partie germanophone de l’est de la Belgique, il étudie les mathématiques et l’ingénierie à l’Université catholique de Louvain, en Belgique, et la physique expérimentale à L’École supérieure polytechnique de Rhénanie-Westphalie, à Aix-la-Chapelle, en Allemagne. Il y travaillera comme assistant scientifique jusqu’à la fin de sa thèse de doctorat, en 1963, consacrée à la construction d’une chambre à bulles à propane. Herbert utilise cette même technologie pour les expériences qu’il réalise sur la production de gerbes d’électrons au Synchrotron à électrons de 200 MeV de l’Université de Bonn.

En 1964, il devient membre du personnel titulaire du CERN et travaille dans les divisions Chambre à traces (TC) et Recherche sur les accélérateurs (AR). Il participe à la construction, aux essais et à l’exploitation d’un séparateur de particules RF destiné aux chambres à bulles.

En 1967, Herbert rejoint la collaboration entre le CERN et l’IHEP (à Serpoukhov, en Union soviétique), au sein de laquelle il dirige la construction d’un séparateur de particules RF destiné à la fois à l’IHEP et à Mirabelle, la chambre à bulles française située dans la même institution.

C’est en 1971 que l’intérêt d’utiliser des séparateurs RF supraconducteurs pour améliorer les faisceaux de particules à impulsion continue est reconnu, et ce, grâce à l’utilisation de systèmes RF supraconducteurs à champ élevé et à faibles pertes de RF. Herbert rejoint le centre de recherche Gesellschaft für Kernforschung (GfK) de Karlsruhe, en Allemagne, pour le compte du CERN, à l’occasion du lancement du programme de développement de supraconducteurs RF. Au cours de cette période pionnière, Herbert dirige jusqu’en 1978 le développement de cavités RF supraconductrices en niobium massif pouvant être utilisées aux températures de l’hélium liquide, ainsi que de tous les systèmes auxiliaires nécessaires.

Grâce au succès du séparateur RF supraconducteur, des projets ambitieux visant à augmenter l’énergie du LEP au CERN sont lancés en 1981. En 1983, c’est avec succès qu’une première cavité supraconductrice, dotée de systèmes auxiliaires (coupleurs RF, syntoniseur de fréquence, cryostat), est installée et testée au collisionneur PETRA du laboratoire DESY, à Hambourg. Puis, en 1987, une cavité supraconductrice équipée de tous les systèmes auxiliaires et d’un nouveau réfrigérateur d’hélium est installée et testée au SPS du CERN. En parallèle, Herbert coordonne le développement d’un procédé consistant à projeter du niobium sur des cavités en cuivre – moins coûteux que l’utilisation du niobium massif. Progressivement, des cavités supraconductrices supplémentaires sont installées dans le collisionneur LEP, ce qui permet de doubler l’énergie du faisceau au LEP avant la fin de son exploitation, en 2000.

À partir de 1989, Herbert se retire progressivement du programme d’amélioration du LEP et consacre plus de temps à d’autres activités au CERN, comme du conseil pour des travaux sur des structures RF supraconductrices au KEK (Japon), à DESY (Allemagne) et au laboratoire Jefferson (USA). En 1993, il est nommé chef de projet pour la source de neutrons européenne de nouvelle génération (Source européenne de spallation - ESS), un poste qu'il occupe jusqu'à ce qu'il prenne sa retraite du CERN et se retire du projet en 1996, à l’âge de 65 ans.

Herbert a toujours été désireux de communiquer son expérience aux plus jeunes ; il a régulièrement donné, de 1989 à 2001, des conférences sur la physique et la technologie des accélérateurs en tant que professeur honoraire à l’Université technique de Darmstadt, en Allemagne. Il a reçu, en 1998, un doctorat honoris causa de l’Académie russe des sciences pour sa contribution à la collaboration CERN-IHEP.

Herbert était également un musicien enthousiaste. Il était marié à Rosmarie Müllender-Lengeler depuis 1959 ; le couple a eu quatre enfants et neuf petits-enfants.

Enrico Chiaveri, les amis et collègues de Herbert