Pierluigi Riboni est décédé à Genève, le 9 novembre 2020, des suites du COVID-19. Il avait 85 ans. Né à Pavie, en Italie, il obtient un diplôme d’ingénieur en mécanique de l’École polytechnique de Milan en 1961. Après avoir travaillé quelques années pour Montecatini à Porto Marghera, près de Venise, il rejoint le CERN en tant que chef du groupe Mécanique de la division Ingénierie. Dans un premier temps, son travail consiste à assurer un support aux groupes du PS, en particulier, pour les systèmes de vide. Dans les années 1970, il participe également à la conception du télescope de 3,6 mètres de l’ESO.
Au début des années 1990, Pierluigi prend la tête du magasin central des machines du CERN – dont le rôle est de fournir des machines et du matériel pour les accélérateurs et les détecteurs, de la conception aux produits finaux après contrôle qualité. Faute d’effectifs suffisants durant cette période, il doit souvent faire le choix entre « fabriquer ou acheter ». C’est d’ailleurs ce qui l’a amené à faire de plus en plus de transfert de technologies vers l’industrie. Pendant près de 20 ans, il a co-organisé les sessions industrielles de la conférence sur la physique des particules et des astroparticules, les détecteurs et les applications médicales, qui se tient à Côme, en Italie, deux fois par an. Cette conférence est devenue un important lieu d’échange de connaissances pour des centaines de scientifiques, d’ingénieurs, de gestionnaires et d’administrateurs d’instituts de recherche.
Pierluigi est resté actif longtemps après sa retraite, contribuant notamment aux activités du CERN. Il fut l’un des premiers ingénieurs à travailler sur le détecteur CMS ; son association avec l’ETH-Zurich lui a d’ailleurs permis de travailler sur la production du câble supraconducteur du solénoïde et la fabrication de quatre patins de graissage. En 2002, il rejoint la Fondation TERA, qui collabore avec le CERN dans le cadre du développement de techniques d’hadronthérapie, et contribue à la conception mécanique d’accélérateurs de protons à haute fréquence et de portiques qui servent à maintenir les lignes de faisceaux magnétiques et tournent autour du lit du patient. Il a notamment conçu un portique de 25 tonnes, soit 10 fois plus léger que les portiques de l’époque. Le rapport sur SIGRUM (Superconducting Ion Gantry with Riboni’s Unconventional Mechanics) a été présenté, quelques jours après la disparition de Pierluigi, au Comité consultatif international mis en place par le CERN, le CNAO, l’INFN et MedAustron.
Pierluigi s’intéressait à tout : la philosophie, la politique, l’économie et l’architecture. Ses connaissances étaient le fruit d’une curiosité sans borne et d’une envie insatiable d’apprendre. Sa passion pour l’athlétisme, le tennis et le ski lui permettait de concilier intérêts intellectuels et bien-être physique. Ses choix de vie ont été marqués par un optimisme à toute épreuve, qui lui a permis de garder une attitude positive face à tous les défis, professionnels et personnels. Il a toujours été très respectueux de son entourage et n’a jamais cessé d’encourager et de soutenir ses jeunes collaborateurs.
Pierluigi fait partie des meilleurs ingénieurs italiens ayant contribué aux réussites du CERN. Sa famille, ses amis et ses collaborateurs le regretteront ; il restera à jamais dans nos mémoires.
Ses amis et collègues
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Cette nécrologie sera publiée dans le numéro de mai-juin du CERN Courier.