Roland Windmolders, notre collègue et ami, est décédé soudainement le 27 novembre 2020 à Prévessin (France). De nationalité belge, il effectue ses études universitaires à l'Université de Louvain (Belgique), se spécialisant d'abord en génie civil, puis en mathématiques et en physique. À l'âge de 27 ans, il y obtient une thèse de doctorat en physique des particules avec la plus haute mention. À la fin des années 1960, il passe une année au Laboratoire national Lawrence Berkeley (États-Unis d'Amérique). Il est ensuite assistant à la Faculté des sciences de l'Université de Mons (Belgique), où il assume plusieurs responsabilités en lien avec l'enseignement. De 1971 à 1976, ses travaux scientifiques portent sur la chambre à bulles Mirabelle et l’étude des interactions kaon-proton et antiproton-proton à une énergie de l'ordre de quelques GeV, au sein d'une grande collaboration internationale. Cette activité suppose alors d'intenses échanges avec diverses communautés de physique du monde entier, et la participation à de nombreuses réunions de collaborations ainsi qu’à des conférences. Avant même d'obtenir son doctorat, il présentait déjà les résultats de collaborations lors de conférences internationales.
En 1975, Roland épouse Magdeleine. Ils résident en Belgique pendant près de 10 ans, puis s'installent à Prévessin, afin de se rapprocher du CERN, Roland s'investissant de plus en plus dans les expériences du Laboratoire, tout en étant affilié à l’Université de Mons. Après sa retraite officielle, il a continué à être pleinement actif dans le domaine de la physique, affilié alors à l'Université de Bonn (DE).
Au début des années 1980, une nouvelle page se tourne pour Roland, qui s’intéresse à d'autres aspects de la physique : il rejoint la Collaboration européenne des muons (EMC) et sera le membre qui y restera le plus longtemps. La collaboration EMC, qui comprenait plus de 100 scientifiques, un nombre conséquent pour l'époque, avait pour ambition de réaliser des études expérimentales de la structure partonique du nucléon et du noyau. Roland apportera à la collaboration une vaste expérience et connaissance des interactions à hautes énergies, acquise dans le cadre des expériences menées auprès des chambres à bulles. Il déclarera un jour avec une grande satisfaction : « Dans ce domaine, on peut tout calculer avec précision ». La collaboration EMC réalisera plusieurs découvertes fondamentales (notamment l'« effet EMC » et la « crise du spin du proton »). Roland poursuivra son étude de la physique des muons au sein de la Nouvelle collaboration du muon (NMC), de la collaboration Muon et Spin (SMC), puis de la collaboration COMPASS, toujours en activité. Il continuera de travailler pour COMPASS jusqu'à sa retraite, en 2018.
Roland était un véritable scientifique et un remarquable collaborateur : sa contribution aux expériences de physique sur la diffusion profondément inélastique a été capitale. Sa connaissance aiguë et exhaustive des expériences sur la diffusion profondément inélastique et de l'analyse des données qui s’y rapporte a fait naturellement de lui un chef de file pour ce qui est de trouver de nouvelles solutions à des problèmes de physique. Il proposait régulièrement de nouvelles idées, qui se traduisaient en études expérimentales sur le long terme. On aimait discuter et débattre à tout moment avec Roland, qui se montrait toujours calme, amical et posé ; les pauses-café étaient ainsi particulièrement fructueuses. Il n'a jamais postulé à des postes de haut niveau, ou accepté d'assumer de tels postes ; malgré tout, le rôle de premier plan qu'il a joué dans le monde de la physique n'a jamais été contesté. Fidèle à son style, il travaillait calmement, dans l'ombre, sans tambour ni trompette. Il était en revanche toujours en première ligne lorsqu'il s'agissait de promouvoir les intérêts de la collaboration et de comprendre les subtilités de la physique.
Roland était un homme consciencieux, qui allait jusqu'au bout des choses. Il était toujours prêt à aider et guider les autres, et on faisait souvent appel à lui. Roland était également un homme éclairé. Cultivé et averti dans les domaines des arts, de la littérature et de l'histoire, il ne manquait aucune occasion d’approfondir ses connaissances, notamment lors de ses nombreux voyages. Doté d'une mémoire prodigieuse, il faisait bénéficier ses collègues de ses excellents conseils et avis circonstanciés, notamment sur le plan culturel. En particulier, il avait une connaissance intime de la région avoisinant le CERN, et c’était pour lui toujours un plaisir d’échanger avec ses collègues pour leur en faire apprécier toutes les merveilles. Il nous manquera énormément.
Ses collègues et amis