Il y a 20 ans, l'Organisation a mis en place une politique et une structure spécifiques pour le transfert de connaissances et de technologies. Jusque-là, l'Organisation suivait à la lettre la disposition en la matière de sa Convention constitutive : « [ L]es résultats [des] travaux expérimentaux et théoriques [du Laboratoire] sont publiés ou de toute autre façon rendus généralement accessibles. »
L'application de ce principe s'est avérée très fructueuse, avec des innovations comme le World Wide Web, ou encore des contributions à des développements en matière d'imagerie médicale qui ont commencé dès les années 1970. Le CERN a ainsi apporté son savoir-faire en matière de détection de particules, domaine qui était alors nouveau, en produisant, il y a 40 ans, sa première tomographie par émission de positons (TEP), sur une souris.
La politique informelle du CERN concernant le transfert de connaissances fonctionnait bien, mais, en 1997, le monde avait changé, et une nouvelle approche s'avérait nécessaire. Il a été décidé, tout en restant dans l'esprit d'ouverture proclamé dans la Convention, d'adopter une démarche plus stratégique. Pour la première fois dans son histoire, le CERN a disposé d'un groupe chargé spécifiquement du transfert de connaissances et de technologies. Depuis lors, quelque 18 entreprises s'appuyant sur des technologies utilisées au CERN ont été créées, et continuent à prospérer, et un réseau de centres d'incubation d'entreprises a été déployé dans neuf États membres du CERN.
L'événement le plus significatif de cette année anniversaire est la nouvelle stratégie pour les applications médicales, qui a été présentée au Conseil du CERN et approuvée en juin. Le document décrit comment le transfert de connaissances lié aux applications médicales s'inscrit dans la mission du CERN, compte tenu de la pertinence des technologies de la physique des particules pour le domaine médical. Il définit les mécanismes de financement et examine l'intérêt des technologies pour les besoins des industries des États membres ; il décrit également les processus de prise de décision.
Parmi les projets entrant dans le cadre de cette nouvelle stratégie figure le projet CERN-MEDICIS, dont le but est de produire des radioisotopes innovants pour la recherche médicale. Autre initiative, une étude de conception coordonnée par le CERN contribuera à la mise au point d'une nouvelle génération d'accélérateurs médicaux d'ions légers, compacts et présentant un bon rapport coût-efficacité. Il s'agira de tirer parti des technologies et du savoir-faire actuels et futurs du CERN, dans le prolongement de l'étude PIMMS menée dans les années 1990, qui a produit des technologies aujourd'hui déployées dans deux centres de thérapie hadronique, pour élaborer un nouveau concept conduisant à une machine plus petite et moins onéreuse pour les ions carbone et les ions légers. Autres domaines couverts, le calcul et la simulation pour les applications de santé, de même que la dosimétrie et les techniques d'imagerie médicale, dans le droit fil des activités de transfert de connaissances menées par le CERN depuis cette première TEP réalisée en 1977. Enfin, les applications médicales pour les aimants supraconducteurs à champ élevé feront également l'objet d'études.
Toutes ces technologies ont un point commun : elles sont étroitement liées à l'activité principale du CERN et elles ont des applications qui pourraient révolutionner le domaine médical. Cette démarche est au cœur de la stratégie du CERN en matière de transfert de connaissances et de technologies : les avancées de la physique des particules trouvent des applications dont peut bénéficier la société dans son ensemble. Il sera très intéressant de voir ce que les 20 prochaines années de transfert de connaissances structuré au CERN pourront nous apporter.