Les membres de la communauté du CERN rivalisent d’ingéniosité et de générosité pour contribuer à la lutte contre la pandémie de COVID-19. Le groupe d'action « CERN against COVID-19 », mis en place fin mars pour recenser et soutenir les initiatives, a déjà reçu des centaines de suggestions, allant de la production de gel hydro-alcoolique à la mise au point de respirateur innovants. Le CERN et sa communauté peuvent en effet faire appel à des ressources importantes comme la Grille mondiale de calcul pour le LHC, des ateliers de mécanique, des installations de conception et de réalisation de prototypes et une expertise considérable en science et ingénierie.
Le groupe « CERN against COVID-19 » a été mis en place pour mener une action efficace et coordonnée, en travaillant en étroite collaboration avec des experts des domaines de la santé, du médicament, de l'épidémiologie et des services de secours d'urgence, de manière à optimiser l'impact de nos contributions. Le CERN a établi des liens avec des hôpitaux et des services d'urgence locaux, et, dans le cadre d'un accord conclu en 2011, a entamé un dialogue avec des experts de l'Organisation mondiale de la santé. Des discussions sont également en cours avec d'autres organisations scientifiques européennes, telles que l'Organisation européenne de biologie moléculaire et l'Institut de bio-informatique européen.
« Nous avons jugé très encourageant l’enthousiasme manifesté par la communauté pour une telle contribution, indique Beniamino Di Girolamo, qui préside le Groupe d'action. Il peut s'agir aussi bien de déployer les puissantes ressources du CERN dans les domaines du calcul, de l'ingénierie et des technologies, que de participer aux efforts menés localement par un appui logistique et une assistance aux services de secours d'urgence. »
Les projets déjà lancés sont notamment la production d'une tonne de gel hydro-alcoolique à des fins de distribution aux équipes de secours locales. Le service de Secours et du feu travaille avec les services d'urgence de la région depuis fin mars. Les capacités du CERN en matière d'impression 3D et de travaux d'atelier ont été déployées pour compléter la production d'équipements de protection tels que masques et barrières en plexiglas destinés aux forces de l'ordre de la région. Des études sont en cours pour déployer la formidable capacité de calcul de la communauté de la physique des particules afin d’aider à la recherche d'un vaccin.
Un autre projet vise à développer un nouveau respirateur appelé HEV. Des physiciens et ingénieurs de la collaboration LHCb au CERN, soutenus par plusieurs services du CERN, sont à l’origine de l’initiative. Avec la propagation de la pandémie, le nombre de patients hospitalisés nécessitant des respirateurs a conduit à une pénurie mondiale de certains équipements. L'équipe a eu comme idée que les systèmes utilisés pour réguler les flux de gaz pour les détecteurs de particules pourraient être utilisés pour construire un respirateur innovant. Le respirateur HEV pourrait être utilisé pour des patients présentant des formes peu graves, ou en phase de guérison, ce qui permettrait de libérer les machines les plus performantes pour les cas les plus graves. L'aspect sécurité est bien entendu privilégié, le matériel étant conçu pour répondre aux besoins cliniques des modes de ventilation les plus souvent requis pour les patients COVID-19.
La première étape de mise au point de prototype a été achevée le 27 mars au CERN, sur un concept qui s'appuie sur des éléments peu onéreux et largement disponibles. Les caractéristiques physiques requises pour les régulateurs de pression, les vannes et les capteurs de pression sont actuellement affinées, et l'appui de spécialistes cliniciens et d'organisations internationales permettra une poursuite des tests en milieu hospitalier. Le logiciel de contrôle de l’appareil sera encapsulé dans un microcontrôleur dédié qui, avec d’autres composants à faible consommation électrique, permettra un déploiement dans des zones aux ressources limitées et dont la distribution électrique est instable. L’appareil pourra être alimenté avec des batteries, des panneaux solaires, ou des groupes électrogènes de secours.
Deux autres groupes de scientifiques sont à l’origine d’initiatives similaires. Un groupe de la collaboration Global Argon Dark Matter a ainsi proposé un respirateur (nommé MVM) qui fait appel à des composants également facilement disponibles et qui pourrait être produit rapidement à grande échelle. Une équipe, issue notamment du Laboratoire d'instrumentation et de physique expérimentale des particules au Portugal, a également présenté un concept de respirateur économique (projet Open Air), utilisant un nombre limité de composants.
L’objectif est de publier les développements du CERN contre COVID-19 au titre de la licence Open Hardware du CERN, si bien qu'ils pourront être librement reproduits selon les besoins, et adaptés aux réglementations locales.
Lisez aussi l’article du CERN Courier (en anglais).
Suivez l’avancement des initiatives sur le site : http://www.cern.ch/against-covid-19.