Les sites du CERN n’ont rien des campus verdoyants dont rêvent les étudiants. Le visiteur est d’emblée frappé par les bâtiments industriels, souvent sans allure, des parkings, des routes. Pourtant, entre ces îlots de métal et de goudron, la nature s’est immiscée. On découvre des coins de verdure, une faune inattendue et une flore diversifiée savamment entretenue par l’équipe en charge des espaces verts au CERN. Qui l’aurait imaginé : sur les 211 hectares de sites clôturés, environ 100 hectares sont des espaces verts.
Pour ceux qui en douteraient, nous vous emmenons en visite dans les coulisses verdoyantes du Laboratoire.
Les sites du CERN, Meyrin et Prévessin en tête, sont parsemés d’îlots de verdure dans lesquels on peut observer une flore typique des prairies sèches, et en particulier une population d’orchidées sauvages remarquable par sa diversité. Le CERN possède ainsi la plus grande variété d’espèces d’orchidée du bassin genevois. Leurs noms témoignent de leur floraison si particulière et de leurs formes évocatrices. On peut ainsi admirer des orchis abeille (Ophrys apifera), des orchis homme pendu (Orchis antropophora), ou encore des orchis singe (Orchis simia). La plus répandue cependant, et la plus reconnaissable par sa couleur rose vif, est l’orchis pyramidal (Anacampsis pyramidalis).
« Ces orchidées sont la richesse des prairies du CERN, explique Mathieu Fontaine, responsable des espaces verts du CERN. Pour les conserver nous procédons à un entretien raisonné, avec un fauchage tardif des prairies. »
Les sites du CERN comptent de nombreux arbres. Mais depuis quelques années, un abattage de plusieurs dizaines de peupliers a dû être entrepris. Plantés pour la plupart il y a une quarantaine d’années, ils arrivaient en fin de vie, devenant dangereux, avec des racines envahissant les réseaux d’eau et d’électricité souterrains. Le temps de la replantation est maintenant venu. « L’hiver prochain, 90 jeunes arbres seront plantés sur la partie suisse du site de Meyrin, poursuit Matthieu Fontaine. D’autres campagnes de plantations sont prévues les années suivantes afin de régénérer le patrimoine arboré du CERN. »
La biodiversité et la conservation des espaces naturels constituent également un engagement du CERN à l’extérieur de ses clôtures. La France et la Suisse ont en effet mis à disposition du CERN des terrains, non encore utilisés pour la recherche, qui constituent le domaine non clôturé de l’Organisation, sur une surface de 415 hectares. Cette réserve compte des terrains agricoles, environ 300 hectares loués à des agriculteurs, et 90 hectares de forêts. Le CERN a l’obligation vis-à-vis de ses États hôtes d’entretenir ces terrains qui lui ont été confiés. Le Laboratoire participe ainsi au maintien de l’agriculture dans le Pays de Gex, soumis à une très forte urbanisation depuis 20 ans, et contribue à la préservation des dernières forêts de plaine : une chance pour la biodiversité, la ruralité et pour la population du Pays de Gex qui peut profiter de ces paysages préservés.
Les forêts du CERN abritent des dizaines de variétés locales : chênes, frênes, merisiers, charmes, trembles, peupliers, aulnes glutineux, etc. Leur gestion et leur exploitation ont été confiées à l’Office national des forêts (ONF). « Ces bois et forêts sont traités en futaies régulières : des trouées sont réalisées afin de permettre une régénération naturelle », explique Erwan Le Marrec, garde forestier chargé des sites du CERN. Depuis quelques années, des chevaux sont utilisés pour évacuer les arbres abattus, minimisant ainsi l’impact sur l’environnement.
Le bois issu de l’exploitation des forêts ou des abattages des arbres trop vieux (peupliers) est valorisé soit dans la filière bois énergie, pour le chauffage des bâtiments publics du Pays de Gex, soit par des scieries locales pour fabriquer des palettes par exemple.
Côté faune, les emblématiques moutons du CERN ont commencé, comme chaque année, à brouter les prairies des sites. Partant du point 1, derrière le Globe, ils ont tout l’été pour se balader dans les prairies autour des bureaux et des laboratoires et faire tinter leurs clochettes.
Le site de Prévessin réserve d’autres surprises pour les amoureux de la nature. En prenant la route Heisenberg jusqu’au bout, on arrive au royaume des abeilles. Là, tous les dix jours, les membres du club « Nature et abeilles » s’occupent de la douzaine de ruches présentes. Cette année, la première récolte de miel de printemps a livré environ 120 kilos de miel. Une deuxième récolte est prévue à la fin du mois de juillet.
Le club « Nature et abeilles » a aussi pour vocation de développer des activités autour de la nature. Des inventaires floristiques et entomologiques sont par exemple régulièrement réalisés sur différentes parcelles du CERN. Ce travail de recensement permet de mieux comprendre la faune et la flore des sites et d’intervenir à bon escient quand cela est nécessaire.
Les espaces verts du CERN offrent un environnement accueillant pour une riche biodiversité. Explorez-les et partagez avec nous vos découvertes en envoyant vos photos et vos témoignages à internal.communication@cern.ch