En tant que chef du département Faisceaux (BE), je suis fier d'annoncer que, après un arrêt technique hivernal (YETS) bien rempli, le complexe d’accélérateurs a été remis en service avec succès, grâce au dévouement de tous les groupes concernés du secteur Accélérateurs et technologie, et au soutien de diverses équipes du CERN et de nos nombreux partenaires extérieurs. L'objectif principal du département BE est le bon fonctionnement du complexe d'accélérateurs. À présent qu'il a été remis en service, je voudrais vous informer de certains de nos projets en cours.
Durant l'arrêt technique hivernal, d'importants travaux de maintenance préventive et corrective ont été effectués sur tous les systèmes qui sont sous notre responsabilité. Pendant la dernière période d'exploitation, les contrôles des accélérateurs ont très bien fonctionné, presque sans temps d'indisponibilité. Cependant, il se passe encore beaucoup de choses en coulisses : il faut gérer la dette technique, améliorer la fonctionnalité pour l'utilisateur final et explorer de nouvelles possibilités. Par exemple, nous travaillons à optimiser le système de synchronisation du complexe d’accélérateurs en utilisant la technologie White Rabbit, développée par le département BE ; à réaliser des contrôles d'accélérateurs non plus sur des serveurs informatiques physiques mais au moyen d'applications orchestrées dans des conteneurs, en collaboration avec le service informatique ; à développer une plateforme d'applications graphiques centralisées et à faible code pour le secteur Accélérateurs et technologie, ainsi qu'à déployer des solutions d'optimisation basées sur la science des données.
Des progrès ont également été réalisés en ce qui concerne les plateformes de contrôle industriel du CERN qui gèrent l'infrastructure technique du domaine du CERN et les installations d'expérimentation de ses détecteurs et accélérateurs. Il s’agit notamment de faire évoluer les infrastructures logicielles pour répondre aux besoins des utilisateurs, se préparer pour une mise à jour majeure du système d'exploitation sous-jacent et planifier les principales mises à niveau prévues pour le troisième long arrêt (2026-2028).
Le tout nouveau groupe de métrologie géodésique, qui est l'un des piliers du département BE, effectue l'analyse et l'alignement des composants des accélérateurs et des expériences, et fournit les références géodésiques requises pour toutes les installations d'accélérateurs actuelles et futures au CERN. L’équipe a récemment développé une nouvelle technique de mesure reposant sur l'interférométrie à balayage de fréquence, qui est en cours d’industrialisation dans le cadre d'une collaboration entre plusieurs groupes du département. L’avantage de cette technique innovante est qu’elle permet de sonder l'intérieur d'un cryostat ; c'est pourquoi elle a été utilisée pour examiner le premier des nouveaux aimants quadripôles des triplets du LHC à haute luminosité, construits et testés à Fermilab. Alors que l'aimant était refroidi pour la première fois aux températures de l'hélium liquide, les géomètres du département BE ont pu contrôler en continu la position de la masse froide à l'intérieur de son enceinte à vide, avec une précision de quelques micromètres.
En ce qui concerne les accélérateurs, la source d’ions H-, qui fournit les protons au complexe d’accélérateurs du CERN, a fait l'objet d'une mise à niveau importante pendant l'arrêt technique hivernal, en préparation de l’exploitation 2023. La conception des électrodes qui extraient les ions hydrogène négatifs a été modifiée afin d'améliorer la qualité du faisceau provenant de la source. Ces modifications ont permis au Linac 4, l'accélérateur linéaire qui alimente le complexe d'accélérateurs, d'atteindre des intensités de faisceau 40 % plus élevées. L'arrêt technique hivernal a également été l'occasion d'installer de nouveaux équipements dans le LHC, notamment deux nouveaux collimateurs à cristaux qui répondent aux exigences en matière de protection de la machine lors de l'exploitation avec des ions lourds. Malheureusement, en raison d'un problème mécanique, l'un d'entre eux a dû être retiré peu avant le démarrage ; il devrait être réinstallé plus tard dans l'année.
Les zones d'expérimentation n'ont pas été oubliées : la zone Est, rénovée récemment, accueille déjà des utilisateurs, tandis que son installation CHARM fonctionne à plein régime pour tester la tolérance aux rayonnements des systèmes électroniques. De même, les faisceaux sont à nouveau disponibles dans la zone Nord, alimentés par le faisceau du SPS ; la Zone Nord fait actuellement l'objet de la première phase d'un programme de consolidation qui vise à rénover complètement l'installation d'ici le début des années 2030. Outre gérer cette vaste campagne de rénovation, les équipes responsables de ces installations préparent activement la suite, et étudient la meilleure façon d'assurer un avenir à long terme à la zone Nord en fournissant des intensités plus élevées pour d'éventuelles expériences sur la matière noire ou la physique des kaons.
Le département BE contribue également à développer une vision à plus long terme pour le CERN, concevant différentes options pour les futurs collisionneurs et s'assurant qu'elles reposent sur une base solide ; des travaux de recherche et développement sont activement menés sur tous les aspects importants de ces projets.
Les innombrables projets que nous menons ne pourraient l'être sans la participation des nombreuses et diverses équipes du CERN, ainsi que de nos partenaires extérieurs. Je vous remercie tous et toutes pour votre engagement à mettre tout en œuvre pour assurer le bon fonctionnement de notre extraordinaire complexe d’accélérateurs.