Dans le cadre de son programme des enseignants du secondaire (HST) 2014, le CERN a accueilli 54 professeurs de science, issus de 32 pays différents, dont une majorité provenant du Moyen-Orient (Jordanie, Palestine, Israël et Iran) pour huit d’entre eux.
« Le programme est très intéressant et instructif. J’apprends beaucoup sur le travail en groupe, ce qui me sera très utile pour mes cours », confie Seddigheh Rezapour d'Iran.
L’objectif du programme est de promouvoir l’enseignement de la physique moderne dans le secondaire et de donner aux enseignants un aperçu de la recherche de pointe pour, qu’à leur tour, ils puissent donner envie à leurs élèves de poursuivre des études scientifiques. La formation intensive, qui dure trois semaines, comprend des conférences sur la physique des particules, des ateliers pratiques, des visites guidées d’expériences et d’installations, et des groupes de travail pour développer des plans de cours sur des thèmes liés au CERN.
Les enseignants travaillent en groupe sur différents sujets relatifs à la physique des particules. Ceux venus du Moyen-Orient élaborent ensemble des cours en lien avec le Centre international de rayonnement synchrotron pour les sciences expérimentales et appliquées au Moyen-Orient (SESAME), en Jordanie, dont la mise en service est prévue l'année prochaine. Le groupe souhaite développer des cours pour des adolescents de 13 à 15 ans, pour leur expliquer le fonctionnement d’une installation de rayonnement synchrotron et ses nombreuses applications potentielles.
« L’un des cours, c’est important, fera le parallèle entre l’histoire du CERN et celle de SESAME », souligne Rolf Landua, responsable du Groupe Éducation et communication grand public du Laboratoire. Ce cours montrera aux jeunes du Moyen-Orient que des scientifiques de leur région peuvent collaborer de façon pacifique, quel que soit leur pays d’origine, tout comme les scientifiques européens se sont rassemblés autour du CERN, il y a 60 ans, pour s’affranchir du passé et travailler ensemble à un objectif commun. »
« Le projet SESAME est d’un grand intérêt car il contribuera à la recherche scientifique et rassemblera les peuples de la région. J’espère que mes étudiants comprendront son importance. La science développe le respect pour le travail des autres et nous encourage à collaborer avec des personnes venus d’autres pays », explique Mahmoud Aladdasi, un Jordanien enseignant au Qatar.
Les autres enseignants viennent de pays tels que la République dominicaine, le Rwanda, la Thaïlande, l'Irlande, le Népal, la Serbie, l'Australie, le Japon, le Canada, les États-Unis et les États membres du CERN.
À eux la parole
L’enseignement vu par les participants au programme des enseignants du secondaire de cette année
« Le plus dur, c’est d’arriver à intéresser les élèves à des thèmes particuliers, mais j’adore le moment où ils ont le déclic et où leurs yeux s'illuminent. J’ai enseigné en Angleterre, au Mexique, en Thaïlande et chaque endroit est unique du fait des cultures différentes. Au Bahreïn, c'est la discipline des élèves qui pose le plus de problème comparé aux autres endroits où j'ai enseigné. C’est mieux dans mon école que dans le reste de Bahreïn, mais ça reste un défi. » Emily Galloway, de Bahreïn
« Tous les élèves devraient étudier la physique, c’est important même s’ils ne continuent pas à l’université, car ça leur donne les outils pour construire leur pensée et pour réfléchir différemment. Un de mes élèves, un génie en physique et en musique, a gagné un concours national et il a été invité à jouer du violon en solo avec un célèbre orchestre philharmonique.Il m’a invité au concert. C’était prodigieux, j’étais très fier de lui. J’ai encore cette sensation incroyable en y repensant. À mon retour, je veux lui demander si la physique l’a aidé pour jouer de la musique. » Boulous Shehadeh, d’Israël
« La physique, c’est notre vie, elle décrit la nature, l’Univers. Elle a énormément d’applications concrètes et j'essaie toujours de montrer à mes élèves à quel point elle est omniprésente dans tout ce que nous faisons. Avec internet, c’est plus facile pour des enseignants comme moi d’avoir accès aux nouvelles connaissances. J’enseigne dans une école pour filles et mes élèves sont très intéressées par la physique, mais beaucoup n'accéderont pas à l’enseignement supérieur car elles ne peuvent pas se le permettre financièrement ou ne peuvent pas quitter le pays pour poursuivre leurs études. J’ai été dans leur situation, je n'avais pas d'argent pour aller à l'université. On devient enseignant, pour partager notre amour pour la science ». Etaf Aqel Mohamad Baniowda,de Palestine