View in

English

Lorsque la recherche rayonne au-delà du laboratoire

Dans ce nouvel article de notre série sur le transfert de connaissances, nous partons à la rencontre de Marco Silari, du groupe Radioprotection, qui nous parle de traitement du cancer et de lutte contre le COVID-19

|

Knowledge Transfer Spotlight Article Series
Marco Silari, chef de section pour les projets spéciaux au sein du groupe Radioprotection (Image: CERN)

« Ma discipline, c’est la physique appliquée ; j'aime voir la recherche déboucher sur des applications dans le monde réel ». Marco Silari, chef de section pour les projets spéciaux au sein du groupe Radioprotection (HSE-RP), connaît bien le processus de transfert de connaissances.

Avant d'arriver au CERN, en 1996, il a travaillé 12 ans pour le Conseil national de la recherche en Italie, au sein duquel il a dirigé, de 1991 à 1995, une étude de faisabilité menée par la Fondation TERA, axée sur la création d'un centre clinique pour le traitement des tumeurs avec des ions et des protons. C'est ainsi qu'est né le Centre national d’hadronthérapie oncologique (CNAO), le premier centre en Italie utilisant deux types d’ions pour le traitement du cancer. « J'avais quitté le Conseil national de la recherche depuis plusieurs années déjà lorsque le CNAO a été fondé, mais le centre repose en effet sur de nombreux éléments de cette étude », explique Marco.

Aujourd’hui, il dirige la section des projets spéciaux du groupe HSE-RP du CERN. Les deux tiers environ des activités de la section sont liés à la recherche et au développement sur les détecteurs, et un tiers à des projets de décontamination radiologique.

Le B-RAD, une technologie de détecteur pour la sûreté radiologique dans les champs magnétiques forts, a été son premier projet financé par le Fonds pour le transfert de connaissances (KT). Le prototype original a été mis au point en collaboration avec le Politecnico di Milano pour être utilisé au CERN, avec pour objectif de réaliser une version préindustrielle de l'appareil pouvant également être utilisée dans d'autres domaines, tels que les mesures des rayonnements TEP-IRM (tomographie par émission de positons-imagerie par résonance magnétique). Marco explique que sa participation dans ce projet lui a fait comprendre que le pas à franchir entre le laboratoire et la mise sur le marché était énorme. En effet, l'appareil a connu de nombreuses modifications avant d'être enfin prêt à être commercialisé.

Ces efforts ont porté leurs fruits : en 2015, la société italienne ELSE NUCLEAR a obtenu la licence d'exploitation du B-RAD, lequel peut désormais être utilisé pour des mesures de débit de dose gamma et de spectrométrie gamma, et fait l’objet de développements en vue de mesurer la contamination des surfaces et le débit de dose neutronique. « Le B-RAD est allé beaucoup plus loin que ce qui était prévu à l'origine », souligne Marco.

Marco a également travaillé sur plusieurs autres projets financés par le Fonds pour le transfert de connaissances et le budget du CERN destiné aux applications médicales, notamment le GEMPix, un détecteur associant le multiplicateur d'électrons dans du gaz (GEM) et Timepix (un circuit intégré à application spécifique – ASIC), ou encore RaDoM, une technologie de détection du gaz radon, dont la licence a été octroyée à la start-up suisse BAQ.

Plus récemment, Marco a participé au Groupe d'action « CERN against COVID-19 », pour déterminer si les rayonnements ionisants peuvent être utilisés pour la stérilisation des équipements médicaux, une façon de plus pour le CERN de contribuer à la lutte contre la pandémie de COVID-19.

Il encourage d'autres scientifiques à imaginer le potentiel de leurs travaux en dehors de la physique des hautes énergies, tout en soulignant qu'il n'est pas nécessaire d'inventer quelque chose de révolutionnaire pour le rendre commercialisable : « Souvent, il suffit d'améliorer un objet pour le transformer en invention. Les innovations ne sont pas toujours le fruit d'idées radicalement nouvelles ». Marco attire également l'attention sur le soutien apporté par le groupe KT, qui sait dire notamment à quelle porte frapper et qui contacter. « Je recommande à toute personne qui souhaite voir le fruit de ses travaux transposé dans le monde réel, de collaborer avec le groupe KT. Il est très difficile d'y arriver par soi-même. »

Pour en savoir plus sur les activités de transfert de connaissances du CERN cliquez ici.

home.cern,Life at CERN