Lorsque l’on demande si cela vaut la peine d’investir dans la science fondamentale, tout le monde s’accorde à dire que oui... pour ensuite s’interroger sur les retombées immédiates. Elles sont nombreuses bien sûr.
La recherche fondamentale développe les connaissances de l’être humain. Elle est une source d'inspiration pour les jeunes et stimule l'enseignement scientifique et technique. Les technologies du CERN trouvent des applications dans de nombreux domaines et les résultats de la science fondamentale nourrissent la recherche appliquée. Personne ne peut le nier ; toutefois, il est toujours possible de faire plus. C’est la raison pour laquelle j’ai été très impressionné par ce qui s’est passé au CERN la semaine dernière.
L’enseignement et l’innovation sont au cœur des missions du CERN comme l’ont montré 17 étudiants d’universités de Finlande, de Grèce et d’Italie, venus présenter les résultats de cinq mois de travail dans le cadre d’un cours sur l’innovation. Mis au point par le CERN avec l’Université Aalto, l'Université de Modène et de Reggio d'Émilie et l'Université technique nationale d'Athènes, ce cours vise à donner une nouvelle dimension à la formation en s'efforçant de trouver des applications novatrices aux connaissances présentes au CERN. Au vu des travaux présentés la semaine passée, le concept semble très efficace.
Deux projets ont été présentés, tous deux reposant sur des travaux menés dans le cadre des réseaux de formation initiale Marie Curie, financés par l’Union européenne. Le premier, sur la réalité augmentée et virtuelle pour la maintenance dans des environnements extrêmes ; le deuxième, sur l’instrumentation pour la détection de particules. On imagine facilement comment des techniques mises au point pour la maintenance du détecteur ATLAS pourraient être déployées dans l’espace par exemple. Qu’elles permettent de concevoir un outil destiné à l’apprentissage d’enfants autistes, c’est une autre histoire. Et pourtant, tel a été le cas. De la même manière, les techniques de détection de particules développées au CERN ont un vaste champ d'application, comme en médecine par exemple. Mais qui aurait pu croire que des étudiants travaillant avec des chercheurs Marie Curie pourraient développer un outil permettant des enregistrements audio de réunions, épurés de toutes les pauses, des « heu » et autres interjections...
La session de la semaine passée était un galop d'essai. Mais je pense que ce type d’expériences se renouvellera si nous cherchons des manières toujours plus innovantes de faire en sorte que les idées créatives qui ont cours au CERN trouvent des applications hors de nos murs.