Il va sans dire que tous les regards étaient tournés vers l'expérience Muon g-2, après l'annonce des derniers résultats du Fermilab le 10 août. Je saisis d'ailleurs cette occasion pour féliciter chaleureusement le Fermilab et les expériences pour ce résultat impressionnant, d'une précision tout à fait remarquable.
L'expérience Muon g-2 a été au centre de nombreuses discussions lors des conférences d'été, avant même l'annonce du Fermilab. J'ai eu la chance de pouvoir assister, en compagnie de scientifiques venus principalement d'Asie et d'Australasie, au 31e symposium international sur les interactions lepton-photon à hautes énergies, qui s'est tenu du 17 au 21 juillet à Melbourne, en Australie. Il y a été dit que l'interprétation de ce résultat expérimental nécessiterait un effort coordonné de la part des théoriciens pour parvenir à la prédiction théorique la plus précise possible, afin qu'il soit possible de repérer un éventuel écart par rapport au Modèle standard. Les résultats expérimentaux eux-mêmes sont une grande réussite, et leur interprétation nécessitera un effort international commun.
Pour revenir à l'Europe, c'est à la conférence EPS-HEP 2023 que les expériences du CERN ont donné la primeur de leurs dernières découvertes. La conférence, qui s'est tenue du 21 au 25 août, à Hambourg (Allemagne), a été l'occasion de présenter tous les résultats obtenus lors d'une année exceptionnelle, alors que les expériences LHC sondent le Modèle standard aux plus hautes énergies jamais créées.
Les très nombreux exposés ont couvert une multitude de sujets, évoquant aussi bien des mesures de précision à différentes énergies dans le centre de masse que la recherche de nouveaux phénomènes. FASER, ainsi que l'expérience de la zone Nord NA62, ont présenté leurs résultats les plus récents sur la recherche de la matière noire. Parmi les résultats marquants d'ATLAS, on peut citer des analyses de l'ensemble des données de la deuxième période d'exploitation aboutissant à de nouvelles limites pour la matière noire supersymétrique et les monopôles magnétiques. Pour ce qui concerne CMS, il a été question de l'amélioration apportée aux études sur les muons et les saveurs de jets par les techniques d'apprentissage automatique. Les résultats de LHCb comprennent l'observation de l'hypertriton dans les collisions proton-proton, s'appuyant sur les résultats de 2022 d'ALICE et apportant une contribution importante à l'astrophysique et à l'étude des étoiles à neutrons. La collaboration ALICE attend maintenant la conférence « Quark Matter » qui se tiendra au Texas, aux États-Unis, du 3 au 9 septembre.
Ces conférences d'été ne sont pas seulement un moyen de se tenir au courant des travaux en physique des particules, grâce aux présentations ; des discussions à bâtons rompus autour d'un café peuvent déboucher sur de nouvelles collaborations et de nouvelles directions de recherche.
Tous les participants reviennent de ces conférences pleins d'enthousiasme, dans l'attente de la campagne d'exploitation avec ions lourds du LHC, la première depuis 2018. Cette campagne sera importante non seulement pour ALICE, mais aussi pour les communautés travaillant sur les ions lourds dans les autres expériences LHC, qui attendent avec impatience cette collecte de données, et sans doute de nouveaux résultats prometteurs.