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Le codage n'a pas de sexe

Les programmeuses informatiques du CERN et du Fermilab à l'honneur à l'occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science

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Coding has no gender

Evangelia Gousiou : « Je recommande les professions d'ingénieur pour le défi intellectuel qu'elles supposent et l'autonomie qu'elles procurent. » (Image : Jacques Fichet/CERN)

Pour célébrer la Journée internationale des femmes et des filles de science (lien externe), le 11 février, des physiciennes, ingénieures et informaticiennes du CERN et du Fermilab évoquent leur parcours professionnel dans des carrières scientifiques.

Jeny Teheran : « Ce que je préfère, c'est travailler avec des équipes du monde entier. »

Jeny Teheran nous parle de son métier d'analyste sécurité et de chercheuse en cybersécurité au Fermilab (Vidéo : Fermilab)

Jeny Teheran est analyste sécurité et chercheuse en cybersécurité au Fermilab, le Laboratoire national de l'accélérateur Fermi, aux États-Unis. Elle doit suivre et réparer les failles logicielles et matérielles afin que les expériences puissent continuer à travailler en toute sécurité. C'est un secteur d'activité qui évolue très rapidement et où vous devez proposer la bonne solution, au bon moment.

« C'est un travail que je recommande car il est synonyme de défis. Il vous oblige à vous surpasser. Vous devez améliorer vos compétences analytiques, réagir rapidement, communiquer de façon optimale. » Jeny Teheran

Avant de travailler au Fermilab, Jenny vivait sur la côte caribéenne de la Colombie. Elle a grandi avec peu de jouets, mais beaucoup de livres, et s'est toujours sentie attirée par la science. Diplômée en ingénierie systèmes et informatique, elle est arrivée au Fermilab il y a quatre ans comme stagiaire au sein de l'équipe de production hors ligne pour les expériences neutrino. Un an plus tard, elle a été embauchée comme analyste sécurité. « Et j'adore ça », explique-t-elle.

Evangelia Gousiou : « Rien n'est plus exaltant que de voir pour la première fois fonctionner quelque chose que l’on a conçu soi-même. »

Evangelia Gousiou, ingénieure en électronique, explique ce qui l'a conduite à poursuivre une carrière en ingénierie. (Vidéo : Jacques Fichet/CERN)

Après des études en informatique et en électronique à Athènes, en Grèce, Evangelia Gousiou a effectué un stage dans une usine de fabrication en Thaïlande. Puis elle est venue travailler au CERN pour un contrat d'un an. Dix ans plus tard, elle travaille toujours pour le Laboratoire avec le même enthousiasme qu'au premier jour.

« Le travail n'est jamais répétitif, ce qui le rend passionnant. En principe, je réalise un projet du début à la fin, c'est-à-dire de la conception de l'architecture au codage et à la livraison aux utilisateurs d'un produit que je considère utile pour eux. J'ai une vue d'ensemble du projet, ce qui est particulièrement motivant. » - Evangelia Gousiou

Pour Evangelia, être un bon ingénieur en électronique signifie connaître diverses disciplines, allant de l'informatique à la mécanique. L'aspect humain est également important, car elle travaille tous les jours avec des personnes de différentes cultures.

À l'école, comme elle aimait comprendre comment fonctionnaient les choses, ses matières favorites étaient les mathématiques et la physique. À cette époque, Evangelia n’imaginait pas devenir ingénieure, mais elle trouvait les études intéressantes et pensait qu’elles auraient des perspectives. Aujourd’hui, elle ne se voit pas faire autre chose. « Je recommande les professions d'ingénieur pour le défi intellectuel qu'elles supposent et l'autonomie qu'elles procurent, » conclut-elle dans un sourire.

Margherita Vittone-Wiersma: « On se sent impliqué dans la recherche. »

Margherita Vittone-Wiersma est venue au Fermilab en tant que physicienne, mais est ensuite passée au domaine de l'informatique scientifique. (Vidéo : Fermilab)

Margherita Vittone-Wiersma est venue au Fermilab en tant que physicienne en février 1985. Avec un groupe de chercheurs de l'Institut de physique nucléaire d'Italie, elle a contribué à lancer une nouvelle expérience appelée E 687. Elle a pu assez vite se rendre compte qu'elle préférait travailler sur l'acquisition de données et sur les nombreuses méthodes utilisées pour stocker et exploiter les énormes quantités de données produites. Les expériences sont passées des mégaoctets aux téraoctets, et les équipes de physique expérimentale ont besoin d'extraire les données stockées et de contrôler les données provenant des détecteurs en temps réel.

Il y a eu un énorme changement d'échelle dans les quantités de données traitées par les ordinateurs et soumis aux analyses de physique. - Margherita Vittone-Wiersma

Margherita est passée de la physique à son nouveau domaine, l'informatique, grâce à un intense apprentissage pratique et à un grand nombre de formations proposées par le Fermilab sur les différents langages de programmation et sur le développement logiciel. Elle a rejoint officiellement la division informatique du laboratoire en 1989. « C'est une expérience formidable de travailler avec les physiciens », explique-t-elle. Ensemble, physiciens et informaticiens font tourner les outils « pour vérifier que tout fonctionne comme il faut. Une expérience très enrichissante. »

Sofia Vallecorsa : « La technologie fait partie de la société. Apprendre l'informatique peut donc vous donner du pouvoir. »

Sofia Vallecorsa, physicienne, nous explique comment l'informatique est pour elle passé du stade d'outil à celui de passion. (Vidéo : Jacques Fichet/CERN)

Sofia Vallecorsa, physicienne italienne, a toujours su qu'elle voulait faire des études scientifiques. Avec une mère physicienne et un père mathématicien, étudier la physique lui a semblé couler de source. Durant ses études, informatique n'était pour elle qu'un simple outil. Mais avec le temps, elle a fini par adorer cette discipline. L'informatique est passionnante parce qu'elle est source de défis.

« Quand j'écris un code, j'ai l'impression de redevenir un enfant qui essaye de résoudre un problème complexe. C'est tellement gratifiant de trouver la solution. » - Sofia Vallecorsa

Son diplôme en poche, elle se tourne vers l'informatique et travaille désormais au Département de physique du CERN, où elle fournit des outils logiciels aux physiciens expérimentateurs. Venir à l'informatique avec une formation différente nécessite de faire beaucoup d'efforts pour apprendre les choses par soi-même. Mais cela lui a appris à surmonter les difficultés les unes après les autres pour parvenir à ses fins. « J'utilise beaucoup l'apprentissage automatique dans mon travail. C'est quelque chose que j'ai dû apprendre à partir de zéro. Mais c'est tellement intéressant et important pour de nombreuses disciplines. Travailler avec des spécialistes en dehors de la physique des particules a vraiment élargi mes horizons », s'exclame-t-elle.

Krista Majewski : « La programmation permet de diviser les problèmes en parties, et ainsi de les résoudre. »

Krista Majewski avait un diplôme en génie biomédical, mais elle revenait sans cesse à la programmation. (Vidéo : Fermilab)

Krista Majewski a rejoint le Fermilab il y a neuf ans, en tant que développeuse logiciel, et elle exerce à présent une fonction liée à l’exploitation des systèmes. Elle est spécialiste en services informatiques et fait partie du groupe chargé de l’exploitation de la grille et de l’informatique en nuage, qui gère des grappes informatiques pour l’expérience CMS et pour d’autres expériences du laboratoire, à la frontière des hautes intensités.

« Ma journée type consiste à assurer la maintenance des services dont notre groupe est responsable et des ordinateurs sur lesquels ils fonctionnent. Ainsi, s’il y a des problèmes avec une grappe informatique et que des utilisateurs ne peuvent pas exécuter leurs tâches, ou qu’ils essaient d’exploiter les ressources de la grille mais qu’ils n’y parviennent pas, notre groupe contribue à régler ces problèmes. » – Krista Majewski

Le chemin qui l’a menée à faire de la programmation au Fermilab a été tortueux. Après un diplôme en génie biomédical, elle a travaillé dans le développement web et la programmation pour une grande entreprise de conseil, avant de se diriger vers le secteur de la finance. Mais elle a souhaité revenir à la programmation, et s’est donc lancée dans un master en informatique afin de commencer une nouvelle carrière.

Pour Krista, la programmation est semblable à une activité qu’elle aimait faire quand elle était enfant : les casse-tête. « Je pense que c’est une compétence qu’on peut utiliser de beaucoup de manières différentes », conclut-elle.