À l’angle des rues Salam et Bloch se dresse désormais l’imposant bâtiment 107. Le nouvel édifice accueillera dans quelques semaines des activités techniques cruciales du CERN : les laboratoires de traitement de surface pour le vide et les ateliers de développement, fabrication et traitement de circuits imprimés. Ces deux activités font appel à des processus chimiques et nécessitent des infrastructures semblables de ventilation et de traitement des effluents gazeux et liquides. C’est pourquoi elles ont été regroupées dans le nouvel édifice de 5 000 mètres carrés alors qu’elles étaient jusqu’ici réparties dans plusieurs bâtiments, dont certains devenaient obsolètes.
Ce qui impressionne quand on pénètre dans le 107, c’est le niveau de sécurité des installations. Le traitement des pièces d’accélérateur et des circuits électroniques fait appel à de nombreux produits chimiques. Ces produits sont stockés dans des cuves spéciales, bien alignées dans de très grands ateliers surmontés de ponts roulants. L’un des ateliers est équipé de deux fosses de 4 mètres de profondeur pour le traitement de très grandes pièces.
Une analyse poussée des risques a été menée pour s’assurer qu’aucune fuite ne puisse survenir. Ainsi, les cuves sont non seulement dotées d’une double paroi avec détection de fuite, mais elles sont de surcroît placées au-dessus de bassins de rétention high-tech. « Les bassins de rétention sont également dotés de capteurs qui détectent les fuites, de systèmes de pompage, de réservoirs tampon et, surtout, d’un revêtement spécial capable de résister à plus de 100 références de produits chimiques », explique Luigi Serio, qui a dirigé le projet du bâtiment 107 dans sa phase finale. Ces bassins ont été conçus pour résister plusieurs jours en cas de fuite. Les zones de stockage où arrivent les composants sont également dotées de tels bassins de rétention.
« Nous avons réalisé une étude de risque complète, en étudiant tous les cas et en menant des analyses et des tests sur des échantillons de matériaux », poursuit Luigi Serio. Le bâtiment a par ailleurs été conçu pour résister aux séismes et incendies. En plus des bassins de rétention pour les cuves chimiques, un grand bassin a été installé sur son flanc ouest pour retenir et contrôler l’eau qui proviendrait d’éventuelles pluies diluviennes.
Le contrôle et le traitement de l’air ambiant ont également fait l’objet d’une attention particulière. Les cuves sont dotées d’extracteurs d’air pour éviter toute dispersion d’effluents gazeux. Différents réseaux d’extraction ont été installés selon le gaz et les conditions de fonctionnement. Les gaz récupérés parviennent dans un local technique impressionnant, installé au sommet du bâtiment, et qui sera piloté automatiquement et supervisé depuis le Centre de contrôle des accélérateurs. Dans ce local, des systèmes de traitement par laveur ou filtres à charbon actif purifient les gaz. Tous les systèmes mécaniques sont redondants.
Le bâtiment 107 renferme encore une foule d’autres équipements assurant la sécurité des personnes et de l’environnement. Des caméras et un système de contrôle d’accès permettent de s’assurer que seules les personnes autorisées sont présentes dans le bâtiment. Il est encore doté de capteurs de gaz et d’incendie, ainsi que d’alarmes visuelles et sonores.
« Par souci de transparence, nous avons demandé aux services cantonaux de protection des eaux et de prévention des risques majeurs de visiter les installations, explique Christophe Brouard, responsable du génie civil. Les services de la police du feu ont également vérifié la nouvelle infrastructure et tous ont donné leur feu vert. »
Enfin, cerise sur le gâteau, des panneaux solaires et, surtout, un circuit de récupération de la chaleur permettent d’économiser la moitié de l’énergie nécessaire au chauffage du bâtiment.
La construction de ce bâtiment complexe a nécessité la contribution de nombreuses équipes. « Tous les départements du CERN ont participé, indique Nicolaas Kos représentant des utilisateurs futurs du bâtiment. Sans une collaboration exemplaire, ce projet très attendu des utilisateurs n’aurait jamais pu aboutir.»
Les premiers cartons et machines sont arrivés dans le nouvel édifice, qui sera opérationnel en avril.