Les Rencontres de Moriond, qui se déroulent en ce moment à La Thuile (Italie), sont traditionnellement la rencontre la plus importante de l’hiver pour les physiciens des particules. Après le redémarrage du Grand collisionneur de hadrons l’année passée à une énergie sans précédent, et alors que les Rencontres de Moriond fêtent leur cinquantième anniversaire, la session électrofaible a suscité, la semaine passée, un grand intérêt chez les physiciens, avides de connaître les derniers résultats des expériences LHC. Parmi les analyses présentées pendant la semaine, on peut citer des mesures sur le boson de Higgs réalisées à partir des données du LHC à 13 Tev de l’année passée, une mise à jour très attendue sur la quête des résonnances diphotons, des mesures précises de processus du Modèle standard, et de nouvelles recherches visant les particules supersymétriques et la matière noire.
La semaine a commencé avec de nombreux résultats dans le domaine des saveurs lourdes, où l’un des faits marquants est venu de l’expérience LHCb. En étudiant leurs données, les physiciens de la collaboration LHCb n’ont trouvé aucun signe de l’existence du X(5568), particule candidate pour le tétraquark récemment observée par la collaboration DZero du Fermilab. Les collaborations LHCb et DZero travailleront ensemble pour pousser plus loin leurs recherches après ce résultat intéressant.
ATLAS a également présenté ses résultats complets de la première exploitation en ce qui concerne la recherche de la désintégration très rare d’un méson Bs en une paire de muons. Cette désintégration avait été observée par CMS et LHCb en 2014, à partir d’une combinaison de leurs données. L’analyse d’ATLAS a fait apparaître un signal plus petit que prévu, mais néanmoins compatible avec le Modèle standard.
Après un gros travail de calibration et de caractérisation des données recueillies, les collaborations ATLAS et CMS ont toutes deux fourni de nouvelles informations sur un résultat intrigant, qui avait été présenté pour la première fois en décembre : un léger excès par-dessus le bruit de fond, dans le canal diphoton, pour une masse proche de 750 GeV, ce qui pourrait signifier, si ce résultat se confirme, l’existence d’une nouvelle particule inattendue. Avec une analyse plus fine, la « bosse » dans les données est toujours visible, mais la signification statistique du résultat reste trop faible pour être probante. Les physiciens doivent attendre la reprise de la collecte des données, imminente, avant de pouvoir approfondir leurs recherches ; l’exploitation du LHC a en effet été interrompue, ces dernières semaines, en raison de l’arrêt hivernal de la machine. Nous devrons donc patienter jusqu’aux conférences de l’été, par exemple la conférence ICHEP 2016, pour savoir s’il y a matière à nous enthousiasmer à nouveau.
Pour en savoir plus sur les moments forts de Moriond, consultez les dernières nouvelles des expériences ATLAS, CMS et LHCb, et le magazine Symmetry.